Journal de l’UD FO 16 N° 2 janvier/février/mars 2024

, par udfo16

ÉDITO :

Quand simplification rime avec volonté d’affaiblissement de l’action syndicale.

De réforme en réforme, sous couvert de simplification des normes, de diminution du taux de chômage ou encore d’optimisation de la dépense publique, ce gouvernement ne cesse de dégrader les conditions de travail et les droits des travailleurs. Qu’il s’agisse de la réforme de l’assurance chômage, de la mise en place de France Travail, de la diminution des droits du CPF ou de l’attaque des statuts dans la fonction publique tout est prétexte à mettre au pas les travailleurs.

Toutes ces réformes conduites par des gouvernants, oubliant ou ignorant sciemment la réalité du terrain, alimentent la colère sociale. Bien sûr le discours se veut toujours rassurant et bienveillant. L’attitude n’est pas nouvelle.

Au XIX° siècle Pierre Joseph Proudhon le disait déjà : « Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu’on appelle Assemblée Nationale, pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l’état d’un pays sont presque toujours ceux qui le représentent ». Rien n’a fondamentalement changé sur ce point depuis plus d’un siècle, raison pour laquelle nous sommes encore et toujours amenés à rappeler notre attachement à la charte d’Amiens.

Comment imaginer qu’en réduisant les droits à indemnisation des chômeurs on va résoudre les problèmes de pénurie de main d’œuvre ? Ce raisonnement simpliste et adéquationniste peut paraitre séduisant aux yeux des salariés qui aujourd’hui sont confrontés à des conditions de travail difficiles et à des salaires insuffisants. Mais c’est un raisonnement aux allures très populistes qui n’a d’autre but que de désigner un bouc émissaire bien commode aux difficultés du quotidien d’une grande partie des travailleurs. On en oublierait presque que ce gouvernement n’a eu de cesse depuis 7 ans de pousser à la dérèglementation au sein des entreprises et de précariser beaucoup de salariés. Et maintenant l’objectif sous couvert de simplifier la vie des entreprises est de forcer les chômeurs à accepter n’importe quel emploi, aux conditions fixées par l’employeur. C’est tout simplement inacceptable.

Mais le choc de simplification vendu depuis plusieurs années par ce gouvernement touche aussi nos fonctions publiques. Sous couvert d’efficacité et d’effacement des lourdeurs administratives, les syndicats ont été dépossédés de leur rôle avec les résultats aujourd’hui connus : arbitraire en termes de gestion des promotions, d’affectations, parfois de rémunération, opacité dans les prises de décisions pour ne citer que ces quelques aspects.

Force Ouvrière ne peut que dénoncer ces opérations de communication gouvernementale. Le secteur privé n’est pas mieux loti aujourd’hui avec la réduction des moyens horaires et la diminution des prérogatives de nos élus depuis la mise en place des CSE. La simplification dans ce cadre n’a servi à ce gouvernement qu’à saper l’action syndicale en entreprise. Et pourtant pour nos dirigeants c’est encore trop il faut simplifier davantage, remonter les seuils pour désigner nos délégués syndicaux et supprimer le monopole syndical du 1° tour aux élections professionnelles.

Force Ouvrière ne peut que dénoncer ce choc de simplification dont l’objectif non avoué est d’affaiblir l’action syndicale au profit d’un libéralisme économique qui remet sans cesse en cause les acquis sociaux, fragilise les conditions de travail et le pouvoir d’achat des salariés.

Henri LALOUETTE